Jan a dit

Etranger vivant dans le Sud-Ouest, aussi appelé "France profonde", je suis ce qu'on pourrait appeler un râleur. Ou tout simplement quelqu'un doté d'un esprit critique. Les avis sont partagés. Et c'est justement pour partager mes avis avec vous, que j'ai créé ce blog. En me faisant presque toujours aider des illustres duettistes Paule & Mick pour la rédaction d'articles...

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vendredi, décembre 12, 2008

Interdire les licenciements, une ineptie

Certains mouvements de gauche prônent l'idée d'interdire les licenciements par des entreprises bénéficiaires.
Si comme eux je m'émeus de la destruction systématique d'emplois, surtout lorsqu'elle est le fait de grandes entreprises aux bénéfices indécents, uniquement mû par un capitalisme rapace, je conteste vivement le bien-fondé d'une telle mesure, même si j'en comprends parfaitement la finalité, qui consiste à ré-introduire une certaine moralité dans le monde des affaires.
Mais il sera très facile aux détracteurs de cette idée de démontrer qu'il y a de nombreuses circonstances dans lesquelles une telle interdiction ne se justifie absolument pas, toute moralisante qu'elle soit.
Il n'est en effet pas rare, surtout dans ces grands conglomérats aux produits, marques et enseignes multiples, de devoir mettre fin à la commercialisation d'un produit ou service donné, du fait qu'il ne rencontre plus sur le marché une demande suffisante. Contraindre alors cette entreprise de conserver par-devers elle un effectif superfétatoire serait injustifié.
Je suis en revanche partisan de ré-introduire la notion d'obligation morale d'une entreprise envers son personnel, et donc de faire supporter à l'entreprise la totalité de la charge de chaque emploi qu'elle détruit.
Il me semble aberrant justement de faire peser cette charge sur la "collectivité", c'est à dire au final sur nos seuls revenus du travail.
Bien entendu une telle mesure demande à être soigneusement examinée, afin d'éviter qu'elle n'engendre des effets secondaires néfastes comme l'idée saugrenue d'interdire les licenciements, qui va à l'encontre même de la liberté d'entreprendre.
Je lui reproche également de verser d'un extrême à l'autre, et de passer au "tout interdire" en réaction à l'actuel "tout est permis".
Une société harmonieuse se fonde sur des équilibres justes, qui respectent toutes les parties impliquées, individus comme entreprises.
En tant que telle l'entreprise n'est pas l'ennemie de l'individu, car elle lui permet, à travers un emploi et un salaire, de vivre dignement.
Actuellement les rapports sont déséquilibrés, et certaines entreprises se complaisent à laminer le travailleur. Ce sont ces rapaces là qu'il convient de remettre au pas.
Et, toute proportion gardée, plonger des nations entières dans la récession avec tous ses corollaires de misère, de violence et autres, s'apparente selon moi à un crime contre l'humanité.
Je suis dès lors à chaque fois choqué de l'encensement des meilleurs "managers" et des plus grosses fortunes, puisque ces réussites là sont toutes, sans la moindre exception, bâties sur le mépris et le broyage du travailleur.
Je serais dès lors très favorable à la publication, avec au moins autant de retentissement que les "Forbes" et autres "Fortune", du nombre d'emplois détruits annuellement par ces mêmes "personnalités" du monde des affaires. Je ne serais pas du tout hostile à le faire sous forme de spots télévisés ou autres supports à grand tirage, ce qui remplacerait avantageusement les publicités lénifiantes actuelles.
Et enfin, si nos dirigeants politiques avaient réellement la volonté d'assainir cet univers malsain, et donc de rendre la confiance aux citoyens, ils commenceraient par réformer fondamentalement le fonctionnement et le contenu pédagogique des "grandes écoles" de commerce, pourvoyeurs justement de cette race de dirigeants rapaces.
C'est à la source qu'il conviendrait d'agir, pour faire en sorte que de tels comportements inciviques ne soient plus enseignés et encore moins encouragés.
Car, je le répète, l'entreprise est un composant essentiel de la société, et y joue un rôle important, raison pour laquelle il faut conserver des entreprises, privées, profitables, innovantes et dynamiques, mais également responsables et respectueuses. Respectueuses des personnes, des biens, des ressources naturelles, de l'environnement.
La société a besoin d'entreprises qui réalisent des profits, mais pour autant que cela ne se fasse pas au détriment de la société. C'est aussi simple que ça. Et nous en sommes bien éloignés actuellement.
Au point qu'il faudrait presque envisager, pour certaines d'entre elles, de faire figurer sur les emballages de leurs produits ou services la mention "Cette entreprise nuit gravement à la bonne santé de notre société".

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