Jan a dit

Etranger vivant dans le Sud-Ouest, aussi appelé "France profonde", je suis ce qu'on pourrait appeler un râleur. Ou tout simplement quelqu'un doté d'un esprit critique. Les avis sont partagés. Et c'est justement pour partager mes avis avec vous, que j'ai créé ce blog. En me faisant presque toujours aider des illustres duettistes Paule & Mick pour la rédaction d'articles...

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Lieu : Cahors, Lot, France

samedi, avril 22, 2006

Fracture numérique : nouveau néologisme.

Note : article rédigé en mars 2005, mais la logique reste toujours d'actualité. Hélas !

Lorsqu'ils entendent parler de "fracture numérique", les gens pensent à tort que le mot "fracture" a alors le sens qu'en donne le dictionnaire, à savoir "cassure, brisure, rupture".

C'est faux, et un exercice d'arithmétique élémentaire suffit à en faire la démonstration.

Etant posée :
  • une prestation de services "A" composée d'un accès à durée illimitée et à haut débit à l'Internet, à la téléphonie et à la télévision ;
  • facturée à 39,90 EUR (abonnement) + 3,00 EUR (modem) par mois pour l'offre la plus onéreuse (mais pas la plus étendue !) du marché retenue pour les besoins de la démonstration ;
  • soit 720 heures (24 heures * 30 jours) d'internet, de téléphonie et de télévision à maximum 8 mégabits à 42,90 EUR par mois (*) ;
d'une part, et :
  • une fraction "B" de l'offre "A" ci-dessus, composée d'un accès limité à 100 heures par mois et à bas débit à l'Internet seulement ;
d'autre part ;
calculez le prix correspondant à la fraction "B".

Solution :
  • les équipements requis pour l'offre "A" permettent un accès de secours en bas débit en cas de panne du haut débit ;
  • la fraction "B" ne concerne que l'accès à l'Internet. Sachant que les publicitaires ne mentent jamais, et qu'une publicité d'un important FAI fait la démonstration que le coût total d'un forfait d'accès à l'Internet, d'un abonnement au téléphone et d'un abonnement à un bouquet de chaînes de télévision souscrits séparément s'élève au triple de son forfait comprenant ces trois services, il en est conclu que l'accès à l'Internet seul de la fraction "B" représente une fraction de 1/3 de l'offre "A" ;
  • la fraction "B" est limitée à 100 heures. Sachant que l'offre "A" est illimitée, donc qu'elle peut s'étendre sur 24 heures par jour et 30 jours par mois, et que dès lors elle est implicitement limitée à 720 heures, il en est conclu que la fraction "B" représente une fraction de 100/720 de l'offre "A" ;
  • la fraction "B" ne nécessite pas la location d'un équipement spécifique. Sachant que dans l'offre "A" la location du modem représente 3,00 EUR sur un total mensuel de 42,90 EUR, il en est conclu que la fraction "B" représente une fraction de 39,90/42,90 de l'offre "A" ;
  • le débit de la fraction "B" est limité à un maximum théorique et hypothétique de 56 kilobits/sec en réception comme en émission. Sachant que le débit de l'offre "A" s'élève théoriquement à maximum 8 mégabits/sec en réception, et à 320 kilobits/sec en émission (seulement 128 kbits pour les autres forfaits du même FAI), et que pour les besoins de la démonstration la répartition réception/émission est fixée arbitrairement à 2/3 - 1/3, en conséquence de quoi le débit moyen de l'offre "A" s'élève à [(8000 * 2/3) + (320 * 1/3)] = 5440 kilobits/sec, il en est conclu que la fraction "B" représente une fraction de 56/5440 de l'offre "A" ;
Le prix de la fraction "B" d'accès limité à 100 heures par mois et à bas débit à l'Internet seulement s'élève donc à :
  • (prix de l'offre "A") * (fraction pour absence de services de téléphonie et de télévision) * (fraction pour limite de durée) * (fraction pour absence de location de matériel) * (fraction pour différence de débit) =
  • 42,90 EUR * 1/3 * 100/720 * 39,90/42,90 * 56/5440 = 0,019 EUR par mois.
autant dire "à rien", le montant étant trop faible pour justifier l'engagement de frais administratifs pour sa facturation et son recouvrement.

La France n'étant visiblement plus un état de droit, nous devons ici écrire :"Devrait s'élever à 0,02 EUR par mois", car en réalité la fraction "B" est facturée 25,00 EUR par mois (**).

Comme il est inconcevable que les FAI héxagonaux aient tous commis d'aussi grossières erreurs arithmétiques, il faut en conclure qu'ils spolient volontairement et de commun accord les usagers du bas débit, en leur surfacturant ce service plus de 100 fois son prix !

Au lieu d'appliquer une fraction, les FAI appliquent une imposture. Avec l'absolution tacite mais complice des organes de tutelle, du gouvernement, du parlement, de la justice et des principales organisations de défense des consommateurs. CQFD.

Il est donc proposé aux Immortels de l'Académie Française d'approuver la définition suivante :
fracture : [NTIC] néologisme créé par la contraction de FRACtion et d'imposTURE, désignant les pratiques illicites de surfacturation dans des proportions scandaleuses des accès bas débit à l'Internet par les FAI.

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Notes de l'auteur :
Prix TTC relevés en février 2005 :
(*) eXtense DébitMax de Wanadoo ;
(**) Intégrale 100 heures de Wanadoo ;
Les conclusions restent tout à fait édifiantes en comparant des offres totalement dégroupées à celles qui ne le sont que partiellement.
Et les conclusions sont encore plus choquantes en comparant des offres à très haut débit plus étendues et cependant moins chères que celle retenue aux différentes offres à bas débit.

Extrait des CGV de FREE :
6.3. Accès Bas Débit de Secours
Dans le cadre du Forfait Free Haut Débit, Free met à disposition une connexion illimitée bas débit (accès et communications) de secours joignable uniquement depuis la ligne téléphonique sur laquelle porte la souscription Free Haut Débit.
Voici les informations nécessaires pour paramétrer cette connexion:
  • Identifiant Bas Débit Secours : numéro de téléphone de l’Usager
  • Mot de passe : numéro de téléphone de l’Usager
  • Point d'accès Bas Débit Secours : 0868 92 0911 (numéro non facturé par France Télécom)
Cet accès bas débit de secours est réservé à un usage exceptionnel. Il permet à l’Usager de disposer d’une continuité de service avec un accès Internet par le réseau téléphonique commuté réservé aux périodes de maintenance et d’indisponibilité. Cette connexion fonctionne à partir du moment où l’inscription est validée et est constitutive d’une obligation de moyen.
En cas d’utilisation abusive de cette connexion, notamment en cas d’utilisation alors que la connexion à Haut Débit fonctionne, l’abonné se retrouvera facturé d’un montant égal à 0,03 euro TTC par minute d’utilisation.

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