Jan a dit

Etranger vivant dans le Sud-Ouest, aussi appelé "France profonde", je suis ce qu'on pourrait appeler un râleur. Ou tout simplement quelqu'un doté d'un esprit critique. Les avis sont partagés. Et c'est justement pour partager mes avis avec vous, que j'ai créé ce blog. En me faisant presque toujours aider des illustres duettistes Paule & Mick pour la rédaction d'articles...

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vendredi, juillet 09, 2010

Le Cloud Computing, aberration mercantile.

L'on entend beaucoup parler en ce moment, du moins dans les milieux informatiques, de la notion de Cloud Computing. Pour résumer simplement, il s'agit de l'externalisation des logiciels, des données et même des systèmes d'exploitation de l'entreprise (ou du particulier) sur des supports distants opérés par des tierces parties bien connues pour leur philanthropie et leur éthique.
A écouter les exposés enthousiastes des défenseurs de ces solutions nébuleuses, tout ne serait qu'avantage et bénéfice pour les utilisateurs. En soi, cette affirmation devrait déjà rendre plus que suspicieux.
Mais outre les évidents problèmes de sécurité, d'intégrité, de pérennité et de confidentialité de vos précieuses données que ces solutions vont engendrer, il est un aspect que ces zélés laudateurs passent tous sous un silence coupable : l'accessibilité.
Temps d'accès
Tout responsable informatique honnête et sincère admettra qu'il est tout à fait impossible, même dans un avenir lointain, de garantir la même instantanéité d'accès aux données sur serveurs partagés que celle offerte par votre disque dur local. Le meilleur serveur, même équipé d'une grappe de processeurs et de disques tournant à 10.000 t/min, ne pourra jamais offrir le même temps d'accès que votre disque dur local.
Il faudra donc vous armer de beaucoup de patience.
Bande passante
Le développement de l'Internet au cours de ces 2 dernières décennies nous a appris que, pour d'évidentes raisons de rentabilité financière, les "tuyaux" ne sont redimensionnés qu'une fois qu'ils sont arrivés à saturation. Les "dorsales" qui maillent le territoire sont donc en permanence proches de la rupture de charge, puisqu'aucun acteur ne désire installer des capacités très largement supérieures au besoin immédiat, et qui risqueraient donc d'être inutilisées, et partant non rentables, le temps de la montée en charge. Le passage massif des utilisateurs au Cloud Computing ne fera que renforcer cet engorgement, et comme toujours, l'infrastructure ne sera étendue qu'avec un (important) temps de retard.
Il faudra donc vous armer de beaucoup de patience.
Publicité
Il d'ores et déjà établi que ces solutions externalisées seront, si ce n'est prioritairement pour les clients professionnels, alors du moins massivement pour les clients particuliers, principalement financées par la publicité. Car c'est là l'intérêt majeur, voire unique, qui pousse les acteurs à embrasser ce virage technologique. Hormis vos utilisations en ligne, toutes ces multinationales tentaculaires et cupides que sont les Google, Microsoft et consorts se désolent de ne pouvoir vous gaver de publicités quand vous travaillez sur votre ordinateur. Dans le Cloud, par contre, ils maîtrisent toutes et chacune des fenêtres qui s'affichent sur votre écran, et peuvent donc à loisir les truffer de publicités diverses et variées. Que votre espace de travail soit réduit à la portion congrue est bien le moindre de leurs soucis. Et que vos salariés soient distraits durant leur travail par ces affichages intrusifs, loin de les chagriner, les ravit au contraire. Vous, le patron, un peu moins, sans doute…
Mais pour le coup, sur la bande passante de nos dorsales, déjà fortement sollicitée par les 85% de pourriels qu'elle véhicule, la part dédiée au transport de données "utiles" et nécessaires va encore se rétrécir au profit de toutes ces publicités intrusives à acheminer vers les postes de travail. Elle va donc s'engorger encore plus rapidement, sans vous apporter la moindre plus-value.
Il faudra donc vous armer de beaucoup de patience.
Débits
Il est patent, à entendre et lire les partisans de ces solutions de Cloud Computing, qu'ils appartiennent à une élite connectée en zone urbaine et par fibre optique, et bénéficiant donc de débits descendants faramineux.
Or, le déploiement de l'ADSL, que ce soit en France ou dans d'autres pays occidentaux, nous a clairement démontré que ces infrastructures avancées d'accès à l'Internet constituent une exception, bien loin des infrastructures poussives dont doivent communément se contenter plus de 80% des territoires.
Il faudra donc vous armer de beaucoup de patience.
Conclusion
Si donc, comme la très grande majorité des concernés, vous êtes une PME établie en province, le passage au Cloud se traduira très concrètement à payer vos salariés pour passer leurs journées à admirer longuement un sablier avant que ne s'affiche une publicité, et accessoirement à travailler un peu, pour recommencer ce même travail le lendemain suite à la perte du fichier à cause d'une défaillance nocturne du serveur distant, pour vous apercevoir peu après qu'un de vos concurrents a mis la main sur vos données.
Pour faire simple, dans votre cas comme dans beaucoup d'autres, passer au Cloud est probablement le plus court chemin vers votre dépôt de bilan.
Et là, il ne faudra pas vous armer de beaucoup de patience, vous y serez très vite.

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