Jan a dit

Etranger vivant dans le Sud-Ouest, aussi appelé "France profonde", je suis ce qu'on pourrait appeler un râleur. Ou tout simplement quelqu'un doté d'un esprit critique. Les avis sont partagés. Et c'est justement pour partager mes avis avec vous, que j'ai créé ce blog. En me faisant presque toujours aider des illustres duettistes Paule & Mick pour la rédaction d'articles...

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dimanche, juin 18, 2006

Haut débit ADSL : manque de mordant de l'ARCEP

Mais pourquoi l'ex ART, aujourd'hui ARCEP, pourtant censée veiller au grain, est-elle aussi bienveillante ? C'est une bonne question, à laquelle il n'y a que des "ébauches" de réponse. Tout d'abord, cet organe de tutelle n'est pas chargé de défendre le consommateur, mais bien de veiller à ce que le secteur des télécommunications en France s'ouvre à la concurrence. Donc de s'assurer que FT laisse des concurrents accéder au marché, en abandonnant progressivement son monopole.
Ensuite, contrairement à ce beau discours officiel, et comme l'explique fort bien le Président de FDN, il s'agit d'une concurrence purement factice, de pacotille. Et c'est bien là que le bât blesse.
Enfin, j'ajouterai pour ma part à cette analyse de FDN, qu'il est tout à fait évident que si les règles d'une concurrence totale, effrénée et loyale devaient être appliquées sans plus, FT aurait coulé corps et biens depuis longtemps. Il ne faut pas oublier qu'il y a seulement quelques années, au début du présent 21ième siècle, FT s'est distingué comme l'une des entreprises les plus endettées de la planète : 69,7 milliards EUR !
Impensable dans ce contexte de laisser FT jouer loyalement le jeu, sous peine de la voir couler à pic. Il fallait donc biaiser. Se montrer le plus retors possible. Tricher, temporiser, feinter. Et dans ce domaine, la France est passée maître. Selon une stratégie désormais bien huilée, on commence d'abord par laisser passer la date limite de transposition dans la loi nationale des différentes directives européennes que l'on a soi-même approuvées et promulguées. Comme le ferait le premier mauvais payeur venu. On laisse passer les avertissements, les mises en demeure, en attendant la condamnation. De la sorte, on gagne quelques années. Au détriment du consommateur, cela va sans dire. Puis, de fort mauvaise grâce, on installe donc cette ART, mais en veillant à ce qu'elle en fasse le moins possible (juste assez pour donner le change à la Commission européenne), et qu'elle ait à sa tête un grand commis de l'Etat, qui saura comprendre où réside son intérêt (ou surtout celui de son maître). Chargé avant et envers tout d'éviter la cuisante déconfiture de FT en lui assurant des parts de marché les plus confortables possibles mais sans que ça ne ressemble trop à du monopole, sur le papier du moins. Tous les subterfuges sont bons. Les plaintes pleuvent de toutes parts, mais ça ne fait rien, on fait le gros dos et on laisse passer le grain. Car le dilemme est en effet celui-ci : impossible de (faire) condamner (trop durement) les pratiques illicites et frauduleuses des concurrents de FT sans créer à chaque fois une dangereuse jurisprudence, qui pourrait ensuite être utilisée contre FT, le principal tricheur (à en croire le nombre de plaintes et condamnations à son triste actif) de ce sinistre jeu de dupes !
Pour illustrer la grande probité de l'opérateur historique, il suffira de rappeler au lecteur, bien que cela soit sans rapport direct avec l'accès Internet, la manipulation boursière ayant consisté à introduire à grands renforts de pub Wanadoo en Bourse à 19 EUR, pour ensuite racheter ses propres parts à 8,86 EUR quelque temps plus tard auprès des petits porteurs. Ces pauvres gens ainsi détroussés de ce qui pour la plupart constituait leur complément de retraite peuvent remercier Thierry Breton, PDG de FT à l'époque et actuel ministre de l'Economie, grand ordonnateur de cette opération de flibusterie financière.
Mais pour en revenir au thème de la concurrence, ou plutôt de son absence, quelques chiffres fournis par DegroupNews m'ont paru édifiants.

Dégroupage au 06-06-2006Pour bien en saisir la portée, il convient de ne pas commettre l'erreur d'additionner les chiffres renseignés pour chacun des opérateurs alternatifs. En effet, si vous allez consulter les cartes du dégroupage fournis sur ce même site, vous verrez que dans la majorité des cas, ces opérateurs alternatifs se marchent sur les pieds dans les mêmes NRA. Il en ressort donc que FT reste seul maître à bord sur près de 90% des répartiteurs. Je n'appelle pas ça de la concurrence.
D'ailleurs, sans m'étendre sur les qualités ou défauts respectifs des alternatifs, ils ne jouent pas dans la même catégorie. Nous faire croire à l'ouverture d'un marché à la concurrence lorsque l'on y introduit une poignée d'adversaires de taille parfois 100 fois inférieure, quasiment exsangues après le dégroupage d'à peine quelques centaines de NRA, c'est une vaste blague. Même à supposer qu'ils se soient réunis en consortium, ils n'auraient à grande peine réussi à dégrouper que 20% du réseau, abandonnant toujours la part du lion à l'opérateur historique.
Si en revanche l'ARCEP avait invité BT et DT à venir en tant que tels implanter en 2 ou 3 ans un réseau 100% indépendant sur l'ensemble du territoire, là oui, on aurait pu parler de concurrence.
Mais dans la situation actuelle, on voit plutôt des petites bestioles grappiller les reliefs du festin d'un gros pachyderme. Dans la nature ça porte un nom. Mais si voyons ! Des parasites.
Car enfin, cette situation les arrange bien. Tout monopoliste tend à surfacturer honteusement. En maintenant de fait le monopole, les nouveaux acteurs peuvent se contenter de facturer un fifrelin en dessous du monopoliste, ce qui reste toujours de la surfacturation scandaleuse.
L'ARCEP a donc bien servi ses maîtres en nous la jouant Canada Dry : ça ressemble à de la concurrence, mais ce n'est pas de la concurrence.
J'en conclus que cette situation de quasi-monopole est en vérité voulue par tout le monde, l'Etat, l'ARCEP, FT et même les opérateurs alternatifs.
Et d'ailleurs, une petite analyse assez simple des tarifs apporte un début de confirmation.

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